La réforme de la formation en soins infirmiers (2009) a favorisé l’accompagnement à la réflexivité et creusé le fossé entre la formation clinique et la formation théorique. La thèse relève les paradoxes de la profession qui se situent dans une alternance de revendication de savoirs infirmiers et de leur dépréciation, pour mieux en appréhender les effets sur le rapport au savoir des étudiants. Parcourant à nouveaux frais les théories du rapport au savoir en sciences de l’éducation, la thèse ouvre des perspectives renouvelées. En s’inscrivant dans le champ clinique d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation, la recherche s’intéresse à la construction des identifications des étudiants infirmiers à travers leur expérience en stage, et à leur problématique de devenir des sujets professionnels dans une profession aux identités multiples. Les observations menées à visée de recherche auprès d’un groupe d’étudiants en analyse des pratiques, et leur écriture après-coup, permettent d’analyser les conflits psychiques suscités par la rencontre du terrain qui les situent particulièrement du côté des identifications imaginaires. Leurs idéaux professionnels sont mis à l’épreuve, générant une désillusion qui prend la forme d’une inhibition à l’apprentissage. La tension de la formation entre care et cure les amène à se questionner sur la qualité de leurs pratiques professionnelles et sur leur identité soignante. Le sentiment d’abandon provoqué par le manque d’accompagnement des professionnels favorise des stratégies de partage de savoirs en stage, ce que procure aussi le groupe de pairs des analyses des pratiques, jouant comme une matrice symbolique au sein de l’école.