« Voilà. Je l’ai fait. Comme un coup de poker. « Pour voir. » J’ai suivi le signe, né de ce rêve fait en Amazonie, peu après mon initiation à l’Ayashuasca comme apprentie chamane. Rêve d’un chant soufflé par…toi ? Toi qui m’as dit « à tout’ », sans me dire le lieu du rendez-vous. Je suis dans la merde. Ici. Prisonnière de la vie. Dans cet espace où le souvenir d’un serment, aussi fou que notre amour, m’empêche de te suivre. Tu m’as fait promettre. De te retrouver sans passer par la case Mort. « Je » de piste. Cruel. Saupoudré d’indices qui m’ont conduite ici. En Mongolie. Aujourd’hui je me demande. Jusqu’où mon cœur pourra combattre ce que ma raison veut ignorer. Forcée à écouter ce qu’elle vient d’apprendre… » (Corinne Sombrun, Mon initiation chez les chamanes) Corinne Sombrun, animée d’une force vitale qu’elle subit, perdue dans un espace et un temps qui lui échappent, seule aux prises entre son cœur et sa raison, s’engage dans son texte comme dans cette promesse impossible faite au mort, à cœur perdu et sans aucune certitude de connaissances. L’intranquillité du monde ou plutôt l’intranquille connaissance du monde est bien le champ de réflexion que propose d’investir Corinne Sombrun par ce qu’elle montre, raconte et incarne de l’expérience chamanique et de la transe. A l’heure de l’anthropocène, cette journaliste devenue chamane et objet de recherche pour les neurosciences, cette femme aventurière de la perception offre un regard nouveau sur les hommes, sur l’autre et sur la création : celui d’une fiction qui échappe à la construction, d’un monde dont la connaissance passe par la fiction ritualisée. Cette perception de l’invisible, cette connaissance du monde par l’invisible ouvre de nombreuses pistes de réflexion quant à la création littéraire et à ses enjeux esthétiques : personnages de chamanes, scènes de transe, spectres, monstres, mémoire… Cette communication aura pour objet la présentation du parcours de Corinne Sombrun et à travers elle du chamanisme et de la transe comme objet d’analyse intranquille de et dans la fiction littéraire.