Si le parti pris iconographique du portail Saint-Firmin, tout entier consacré à l’évocation des saints du diocèse, s’énonce avec clarté, l’identification précise de certaines statues qui le composent s’avère plus malaisée en dépit des travaux de Georges Durand dont les conclusions font autorité parmi les chercheurs. L’hypothèse de reconnaître dans les figures sculptées, les saints et sainte dont les restes corporels étaient abrités, dans les châsses situées à proximité du maître-autel de la cathédrale, semble à l’évidence s’imposer. Toutefois, la discordance entre les onze figures du portail et les treize corps glorieux honorés dans le sanctuaire à l’époque de la réalisation du portail, sème le doute sur certaines attributions émises par l’éminent historien de la cathédrale. L’identité de cinq figures représentées dans les ébrasements, suscite des interrogations qui ouvrent la brèche à d’autres propositions. Un choix s’est opéré au moment de la conception du programme destiné à glorifier et à réactiver la mémoire de ceux qui, selon la tradition, avaient contribué à construire l’identité spirituelle de l’Église diocésaine. L’examen des manuscrits hagiographiques et liturgiques qui nous sont parvenus, l’attention portée aux loca sancta répertoriées dans le diocèse ainsi qu’aux pratiques dévotionnelles en usage au XIIIe siècle, permettent de préciser la portée du culte dévolu à chacun des saints locaux impliquées dans cette construction identitaire et à défendre, en particulier, la place légitime dans l’iconographie du portail, des saints martyrs Victoric et Gentien, compagnons indissociablement liés à saint Fuscien, dont les corps saints reposaient dans la châsse de ce dernier.