L’humanisme dévot au féminin. Confessionnalisation et littérarisation chez Jaqua Françoise Pautrard
Résumé
L. Timmermans (1993) a analysé dans la destination féminine la destinataire idéale de bien des traités relevant de l’humanisme dévot publiés par des dignitaires catholiques. Notre étude repère en J. F. Pautrard une lectrice de certains de ces traités (des jésuites Coyssard, Pinelli, Richeome…) et interroge la figure d’autrice chrétienne que devient la poétesse. N’étant pas soumis au régime de l’approbation des théologiens préalable à l’impression, le manuscrit affiche un contrôle confessionnel : l’affiliation est explicite par deux « vœux » de J. F. Pautrard qui sont des protestations de conformité à la foi catholique romaine. Néanmoins, la traduction en vers latin d’une Semaine calviniste (l. I), celle de Gamon, invite à observer un phénomène de confessionnalisation catholique. Pautrard semble participer activement à ce mouvement, à la fois par la production de chansons spirituelles calquées sur des airs de cour (de Gastoldi, Besard…) et par une sélection de différentes prières issues de la patristique grecque (Grégoire de Nazianze, Synésios de Cyrène, Jean Damascène), ainsi que l’usage d’une prière d’Ange Politien.