Négativation des anticorps anti-phospholipdes au cours du syndrome des anti-phospholipdes - Université de Picardie Jules Verne Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue La Revue de Médecine Interne Année : 2024

Négativation des anticorps anti-phospholipdes au cours du syndrome des anti-phospholipdes

Résumé

Introduction Le syndrome des anti-phospholipides (SAPL) est une maladie auto-immune systémique caractérisée par des manifestations thrombotiques et/ou obstétricales associées à la persistance d’anticorps anti-phospholipides (aPL) représentés par l’anticoagulant circulant de type lupique (LA) et/ou les anticorps anticardiolipine (ACL) et/ou les anticorps anti-b2 glycoprotéine I (ab2GPI). Les critères diagnostiques ont été révisés en 2023 par l’ACR/EULAR, intégrant ainsi de nouveaux critères cliniques tels que les valvulopathies ou les atteintes microvasculaires. En 2003, une nouvelle entité est décrite : le « SAPL séronégatif ». Il correspond à la présence d’un tableau clinique fortement évocateur de SAPL mais sans aPL conventionnels (LA, ACL, abGPI). Au cours des dernières années, des anticorps dirigés contre de nouvelles cibles antigéniques ont été détectés au cours du SAPL. La présence de ces aPL non conventionnels a aussi été rapportée au cours du SAPL « séronégatif ». Au cours de l’évolution de la maladie, les aPL peuvent parfois disparaître. Cependant, il existe peu de données dans la littérature sur la négativation des aPL et les facteurs prédisposant à leur disparition. Ainsi, l’objectif de cette étude est d’analyser la fréquence de négativation des anticorps et les facteurs prédisposant à cette négativation. Patients et méthodes Nous avons conduit une étude rétrospective observationnelle de 114 patients recrutés dans les services de médecine interne, de néphrologie et de médecine vasculaire du CHU Amiens-Picardie entre le 1er janvier 2004 et le 24 août 2023 pour un SAPL primaire, secondaire ou « séronégatif ». Les patients avec « SAPL séronégatif » ont été exclus des analyses du fait de leur faible effectif. Nous avons colligé différentes données telles que le type de SAPL, les manifestations au diagnostic, les traitements reçus puis l’évolution des patients après le diagnostic, notamment la récidive thrombotique. Résultats Parmi les 107 patients inclus dans l’analyse statistique, 19 avaient négativé leurs aPL (16,6 %). La fréquence de négativation des aPL non conventionnels était semblable chez les patients avec « SAPL séronégatif » (14,28 %). La présence d’ACL IgG à des taux élevés était associée à une persistance des aPL (27 patients (25,47 %) dans le groupe « aPL persistants » vs aucun patient dans le groupe « aPL négativés » (p = 0,002). Il n’y avait pas d’autre différence significative entre les 2 groupes en termes de facteurs démographiques, cliniques, biologiques ou thérapeutiques. Nous n’avons pas retrouvé de différence significative portant sur la récidive thrombotique ou la mortalité entre les patients « aPL persistants » et ceux ayant négativé leur aPL. Discussion Ces résultats sont concordants avec la littérature en termes de fréquence. Le tabagisme etla triple positivité des aPL ont été identifiés dans la littérature comme facteurs de persistance. Il est d’ailleurs aussi connu que certains traitements tels que l’hydroxychloroquine ou le Belimumab peuvent diminuer le taux d’aPL. Nous avons mis en évidence au cours de notre étude aucun facteur associé à la négativationd’un point de vue clinique ou thérapeutique. Devant l’absence de différence entre les 2 groupes en termes de récidive thrombotique, nous pouvons émettre l’hypothèse selon laquelle des aPL non conventionnels non testés en routine pourraient être présents chez les patients ayant négativé leurs aPL « classiques ». Conclusion La fréquence de négativation retrouvée est de 16 %, concordante avec les données de la littérature. Les ACL IgG à taux élevés sont associés à la persistance des aPL. D’autres études sont donc nécessaires afin d’identifier d’éventuels facteurs associés à la négativation. Nous pouvons donc nous poser la question de l’intérêt d’un dosage des aPL non conventionnels chez les patients négativant leur aPL a fortiori lorsqu’un arrêt de l’anticoagulation est envisagé.
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Dates et versions

hal-04610512 , version 1 (13-06-2024)

Identifiants

Citer

M. Serpier, J. Schmidt, D. Titeca-Beauport, J.D. Karam, X. Boulu, et al.. Négativation des anticorps anti-phospholipdes au cours du syndrome des anti-phospholipdes. La Revue de Médecine Interne, 2024, 45, pp.A116. ⟨10.1016/j.revmed.2024.04.418⟩. ⟨hal-04610512⟩

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