Les résultats de l’enquête menée en 2022 aux Bains du Centre et à DoucheFLUX (335 répondant.es) donnent à voir la réalité de la précarité hydrique à Bruxelles, c’est-à-dire le fait d’éprouver des difficultés d’accès à l’eau d’hygiène pour se laver. Les personnes rencontrées sont pour moitié en situation de rue ou de squat et pour une autre moitié logées, mais, à de rares exceptions près, sans accès sécurisé à une douche ou à de l’eau chaude suffisante. Si les hommes sont très majoritaires (80%), la présence des femmes est plus forte qu’à Paris. Plus de 8 usager·es sur 10 sont nés en dehors de Belgique. Leurs trajectoire et l’ancienneté de leur présence témoignent à la fois de l’histoire migratoire de la Belgique et du caractère populaire des communes du centre de Bruxelles. Les situations de précarité économique dominent parmi ces usager·es, selon un gradient allant de l’absence totale de revenus, à la perception d’allocations ou pensions de retraite, en passant par des revenus formels ou informels liés au travail. La plupart des personnes enquêtées adoptent des comportements discrets et font peu appel à d’autres services d’aide, ce qui peut contribuer à les invisibiliser. Pour autant, la forte fréquentation de ces structures, constatée tous les jours d’ouverture, témoigne d’un besoin important en douches publiques, reflet d’une augmentation de la pauvreté à Bruxelles, de la crise du logement et de la crise de l’accueil des migrant·es. En permettant l’accès à des douches chaudes pour se laver en dehors d’un chez soi, les Bains du Centre et DoucheFLUX apparaissent comme des structures indispensables. Elles sont aussi complémentaires l’une de l’autre, car elles ne sont pas fréquentées tout à fait par les mêmes populations : les Bains du Centre sont utilisés par des habitant·es plus âgé·es, plus anciennement installé·es à Bruxelles et un peu moins précaires que celles et ceux de DoucheFLUX, qui apparait comme un lieu d’accueil de première ligne, bien identifié en tant que tel par les nouveaux et nouvelles venues à Bruxelles, mais régulièrement sous tension.